Dernière mise à jour : 27 avr. 2023
Vous avez certainement entendu parler de “l'éco anxiété” et peut-être ce terme vous paraît étrange ou lointain. Pourtant, si vous êtes parents ou grands-parents, il est fort probable que vous soyez concernés dans votre famille.
J'ai écouté l'excellent podcast "Chaleur humaine" de Nabil Wakim. L'épisode de juin 2022 "Climat : comment ne pas déprimer ?" était consacré à l'éco-anxiété et aux moyens d'y faire face. Selon son invitée Laélia Benoît, pédopsychiatre et chercheuse à l’université de Yale et à l’Inserm, en France, 86% des étudiants se disent inquiets de la crise écologique et 75% des 15 - 17 ans se disent pessimistes pour l’avenir.
Une étude, menée par des chercheurs d’universités britanniques, américaines et finlandaise et financée par l’ONG Avaaz, s’appuie sur un sondage réalisé en 2021 auprès de 10 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans dans dix pays, du Nord comme du Sud (Australie, Brésil, Etats-Unis, Finlande, France, Inde, Nigeria, Philippines, Portugal et Royaume-Uni). On y apprend que 8 jeunes sur 10 sont préoccupés par le climat, que 6 sur 10 sont extrêmement inquiets et que 3 sur 4 appréhendent le futur. Parmi les 10 000 jeunes sondés pour l’étude, 1 sur 2 ressentent tout à la fois : tristesse, anxiété, colère, impuissance et culpabilité.
Concrètement, de quoi s’agit-il ?
L'éco-anxiété est une détresse émotionnelle, mentale ou physique face à la crise climatique ou une peur chronique de la catastrophe environnementale. Ce qui suscite l’angoisse est davantage l’inaction climatique face à une situation très menaçante que la menace en elle-même. C’est pourquoi l’accès à l’information et une meilleure compréhension ne soulage pas l’éco-anxiété. Les jeunes aimeraient en savoir plus mais surtout trouver des solutions.
Selon les professionnels de santé, l’éco-anxiété n’est pas une maladie mais une réponse inévitable et même saine face aux menaces écologiques auxquelles nous sommes confronté.es. Ce ne sont pas les personnes éco-anxieuses qu’il faudrait soigner mais le changement climatique qu’il faut limiter.
Le quotidien semble irréel de normalité face à un danger important. Une impression de “bug” dans la matrice qui s'appelle en psychologie la déréalisation. C’est un processus de protection qui intervient lorsqu’on est confronté à la violence. L’inaction climatique est vécue comme une violence.
Comment aider les jeunes ?
Laélia Benoît identifie deux leviers pour soulager l’éco-anxiété.
Le premier est de pouvoir en parler, entre eux et avec les adultes. Elle constate en effet que les jeunes, même très anxieux, n’osent pas toujours entamer la conversation sur ce sujet.
Le deuxième est d’agir, même à l’échelle locale. Nos actions directes individuelles ont un impact de 30% de la production de carbone annuelle. (70% dépendent de choix systémiques). Concentrer nos efforts sur des choses qui sont à notre portée, être modeste, préserver sa santé pour tenir dans la durée est une piste pour dépasser l’éco- anxiété.
La chercheuse nous invite, en tant que parent ou grand-parent, à faire l’effort d’imagination de ce que c’est d’avoir 10 ou 15 ans aujourd’hui et de grandir au début d’une crise climatique qui ne va faire qu’empirer. Imaginer qu’on est moqué.e ou incompris.e quand on exprime son anxiété ou sa colère et s’appuyer sur cet effort d’empathie pour rejoindre les jeunes et agir avec eux.
Et vous, avez-vous l’occasion de parler de la crise écologique ? Etes-vous assez informé.e et osez-vous aborder le sujet ? Vos proches ou vos enfants ont-ils abordé le sujet avec vous ?