Devenir Gentleman farmer - épisode 4

Emmanuelle Soumeur
September 2, 2024
3 min de lecture

Devenir Gentleman farmer - épisode 4

Une histoire de famille...

L'objectif de Laurent, soixantenaire informaticien parisien : vivre une retraite active et changer radicalement de vie en exploitant, avec sa femme, un terrain cultivable. Mon précédent billet évoquait les formations en agronomie qui ont découlé de sa Rupture Conventionnelle Collective (RCC).

Grâce à ses formations, qui le confortent dans son projet, Laurent monte en compétences. Pendant ce temps, sa fille, Jeanne, ingénieure agronome est également dans une démarche de recherche de sens. Les postes de responsable qualité dans l’agroalimentaire, auxquels accèdent ses camarades de promotion ni « ne la font triper », ni « ne sont en accord avec ses valeurs ». Pour rester au plus près de la terre nourricière, elle décide de parfaire ses connaissances à travers le système de wwoofing. Ce concept (néologisme forgé depuis l’acronyme anglais WWOOF de World Wide Opportunities on Organic Farms soit « Opportunités dans des fermes biologiques du monde entier ») consiste à travailler au sein de fermes biologiques en échange du gîte et du couvert. En Suisse et en France, d’une ferme à une autre, elle appréhende différentes formes vertueuses de production (maraichage avec traction animale, élevage cochons, poules, vache, âne, cheval, fromage de chèvre, apiculture).

Des échanges père-fille

Évidemment, Jeanne discute beaucoup avec son père qui souvent lui demande conseil et en qui elle trouve un interlocuteur privilégié à qui faire ses retours d’expériences. Un jour, Jeanne interroge : « mais pourquoi je ne m’associerai pas à votre projet ? ». Laurent et Virginie – qui « jamais ne le lui auraient proposé par crainte de lui imposer leurs propres aspirations » – sont enchantés. Et le projet de retraite des parents se transforme en projet familial intergénérationnel. S’ils savent qu’ils vendront l’appartement familial parisien pour acheter un terrain dans le sud-est de la France (pour raison d’attaches familiales), ils mettent à profit les années de COVID pour mûrir leur projet. Dans cette collaboration, chacun doit en effet trouver sa place.

Une période d’essai

En 2020, Jeanne accepte un premier CDD à La Môle, un village du massif varois des Maures, dans la ferme du château (dans lequel Antoine de Saint-Exupéry vécut enfant) du village. L’exploitation a été transformée en ferme agroécologique, suivant les préceptes de biodynamie de Rudolf Steiner, par Patrice de Colmont, également propriétaire du Club 55 de Ramatuelle (cantine de Brigitte Bardot et de Vadim pendant le tournage de Et dieu créa la femme). Les légumes cultivés par Jeanne se retrouvent donc dans les assiettes du prestigieux resto !

Puis, afin de vérifier la faisabilité et la viabilité tant de leur association que de leur projet, père et fille postulent pour intégrer un dispositif d’espace-test agricole. C’est ainsi qu’en 2021, sur une parcelle prêtée par un paysan du Luc, village du Var, ils démarrent en conditions réelles, mais dans un cadre sécurisé, une activité de production maraichère qu’ils vendent sur les marchés et dans les magasins bios du coin. Laurent et Virginie alternent les allers-retours Paris/Le Luc pour se retrouver (car Virginie travaille toujours à Paris). C’est donc tout naturellement que Jeanne constitue le pilier central de l’organisation. L’expérience s’avère fructueuse et le moment de chercher leur terre est enfin venu !

Signature d’une promesse de vente pleine de promesses

La donne a pourtant changé : Lukas, le petit ami de Jeanne, également ingénieur agronome, embarque dans le projet familial. Au-delà de sa force de travail, il souhaite être partie prenante et s’investir financièrement. Et le cahier des charges évolue : il faut un terrain divisible susceptible d’accueillir deux habitations…

Mai 2023 : après une dizaine de visites, ils trouvent leur futur éden, aux portes du parc naturel régional du Verdon, dans le village perché de Claviers sur le versant sud de la colline boisée du Puy. Il y a des travaux mais cela ne les effraye pas car ils ont du temps et que les maisons sont habitables. Il y a une précieuse source d’eau, une forêt, des terrasses arables… Et cela colle avec leur budget ! Ils signent une promesse de vente. Normalement, ils auront les clés en août. En attendant, il faut mettre l’appartement parisien en vente. Virginie prendra un meublé jusqu’à la date de sa retraite (hélas repoussée).

Affaire à suivre…

Seriez-vous prêt à vous lancer en famille dans ce type d’aventure ? Quels bonheurs et quels écueils cette famille peut-elle rencontrer ?

Vous avez vécu une expérience comparable et vous avez envie de la partager, dîtes-le nous en commentaires 😉

Emmanuelle Soumeur
September 2, 2024
3 min de lecture