Dernière mise à jour : 9 déc. 2023
Voici la genèse du projet de retraite de laurent...
Une carrière dans l’informatique
Né en 1958 et ayant commencé à travailler en 1982, Laurent était informaticien. À ce titre, il a œuvré de longues années durant, notamment au sein d’un groupe américain, DXC Technology, qui accompagne les entreprises dans la gestion de leurs infrastructures IT. Il était alors détaché, parfois pendant plusieurs années, auprès de clients grands comptes tels que le Crédit agricole, la Société générale ou encore Conforama. Il gagnait bien sa vie. Suffisamment pour vivre confortablement avec sa femme, Virginie, également informaticienne, dans la chic banlieue ouest-parisienne en pourvoyant aux besoins de leur grande famille de 5 enfants.
Questionnement existentiel
Pourtant, il n’était pas très satisfait. Petit à petit, il s’est rendu compte que sa pratique professionnelle, à la pointe de la technologie, était un puits sans fond : besoins et urgences allant toujours croissants, obsolescence de plus en plus rapide des solutions mises en place résultant d’évolutions technologiques exponentielles, pression de clients stressés ! De ce constat a émergé une réelle interrogation sur les valeurs sociétales et environnementales qui lui tenaient vraiment à cœur. Une prise de conscience d’où émergera un projet de retraite éthique aux antipodes de son activité professionnelle.
Un processus de conscientisation environnemental
Si, des souvenirs de vacances, entre 9 et 16 ans, dans la ferme d’un oncle agriculteur sont sa madeleine de Proust, c’est vers la cinquantaine, au visionnage de Home, documentaire d’Arthus Bertrand qu’une étincelle jaillit dans la tête de Laurent. En explorant les menaces qui pèsent sur la planète (monoculture sur très grandes surfaces et utilisation massive d’engrais et pesticides chimiques ont détruit durablement la vie du sol et la biodiversité sur la majorité des terres agricoles), ce long métrage proposait un certain nombre de solutions qui lui parlent. Solutions locales pour un désordre global, documentaire de 2010 de la cinéaste Coline Serreau le marque également. Comme les actions de Philippe Desbrosses, pionnier de l’agriculture biologique en France. Fort de cette conscientisation, il découvre vers 2012 qu’un de ses collègues est féru d’agriculture alternative. Ce dernier, qui effectue une formation de permaculture à Montreuil, l’initie, lui prête des livres, l’invite à des conférences. Et Laurent se documente. Grâce à Pierre Rabhi, à l’Américain Eliot Coleman, au Québécois Jean-Martin Fortier…, il appréhende les concepts d'agriculture biologique, d’Amap, de permaculture, d’agroécologie, de micro-maraîchage bio-intensif …
« En France, le mot ‘intensif’ a une image négative. Il fait peur ! Et c’est complètement contreproductif », explique-t-il, passionné. « Pourtant, le ‘bio-intensif’ c’est l’opposé du productivisme agricole qui exige une production maximale et des rendements élevés par l'utilisation, sur d’énormes surfaces agraires, de machines et de produits chimiques. Au contraire, le bio-intensif veut optimiser les seuls mécanismes du vivant pour produire intensément certes mais en exploitant à fond une petite surface ! Et ce, proprement, de manière quasi exclusivement manuelle, sans chimie, sans tracteurs énormes. Ce système productif n’est pas destructif comme le productivisme mais efficient, diversifié, durable et résilient. La permaculture et les outils du maraîchage bio-intensif permettent une production abondante et qualitative tout en régénérant les sols, en s’adaptant au changement climatique voire en l’atténuant, en améliorant la qualité de l’air et de l’eau, en préservant la biodiversité, en créant de l’emploi, en développant du lien social », poursuit-il avec des étoiles dans les yeux.
Désormais, quand il croise le collègue qui l’a inspiré, il ne manque jamais de lui demander : « Alors, quand est-ce qu’on crée notre ferme écologique ? » Une simple boutade à ce stade. Mais dans mon prochain billet, vous découvrirez comment la ferveur de Laurent va véritablement le conduire à s’engager dans un projet de retraite original et porteur de sens.
Et vous, avez-vous aussi des questionnements sur le sens de votre travail ? Y a-t-il certains sujets qui vous intéressent au point de vous y investir un peu, beaucoup, passionnément ?